Introduction

Tout d'abord, nous allons vous parler de l'évolution du rôle politique attribué aux femmes, puis de leur importance dans le marché du travail et pour finir les conséquences sur leur vie quotidienne. Ce travail a été réalisé dans le cadre des TPE par deux élèves de Première L, MATICHARD Julie et RODERE Gwendoline.



Pour entamer notre sujet voici notre problématique :  " En quoi les conséquences de la Première Guerre mondiale ont-elles transformé le rôle des femmes dans la société ?"


     Nous avons choisi ce sujet pour différentes raisons :
  •  Premièrement, car il nous sembla intéressant de nous pencher sur le cas des droit des femmes durant cette période si importante dans l'évolution de la société.
  •  Puis, nous concernant de près comme de loin, nous avons voulu en savoir plus sur ce sujet.
  •  Et tout simplement car nous avions dans l'obligation de suivre le programme d'histoire de Première L, qui encadre l'Histoire de 1850 à 1945.

Introduction sur le sujet :

   En 1900 les femmes prolétaires sont paysannes, ouvrières, lingères, repasseuses, couturières, commerçantes, nourrices ou domestiques. Menant une vie plutôt remplie, elles ne se croisent qu'à la fontaine, au lavoir ou au marché. Pour les ouvriers, la "ménagère" représente un idéal de respectabilité. En 1898, la CGT (Confédération Générale du Travail) , tout en souhaitant l'égalité des salaires, précise que seules sont "autorisées" à travailler les célibataires et les veuves. Les bourgeoises doivent quant à elles rester ces épouses modèles qui supervisent le travail des domestiques tout en veillant sur l'éducation morale et religieuse des enfants.
En 1906, les femmes composent 38% de la population active. Une femme mariée sur cinq travaille. La plupart sont domestiques ou travaillent à domicile mais l'école obligatoire transforme les "ménagères" en vendeuses, en dactylos, en demoiselles des postes, en sages-femmes et en institutrices...
En effet, s'occuper de son mari, de ses enfants et des multiples tâches ménagères impose tant de devoirs qu'il a été jugé cruel d'accabler les femmes dans un quelconque rôle politique. Ces rôles sont donc assurés uniquement par les hommes. De plus, les femmes sont jugées incompétentes dans ce domaine.
La Première Guerre mondiale a alors déclenché l'arrivée des femmes dans le monde du travail. Le travail féminin est alors nécessaire et le bienvenu alors que les hommes quant à eux sont au front, prisonniers ou encore lorsque la France a besoin de se développer.


 Affiche de mobilisation des hommes en 1914.

Première partie: La politique

Les femmes ont très peu de droits, et encore il faut distinguer entre la possession d'un droit et son exercice : la femme est jugée incapable de l'exercer.

Rappels historique :
Sous la Révolution, suite au discours de l'abbé Sieyès du 20 et 21 juillet 1789, distinguant entre citoyens « actifs » et « passifs », les femmes furent classées, comme les enfants, les étrangers et tous ceux ne pouvant s'acquitter d'un cens électoral, dans cette seconde catégorie. Malgré l'appel de Condorcet, elles furent ainsi officiellement exclues du droit de vote par l'Assemblée nationale le 22 décembre 1789, exclusion maintenue par la Constitution de 1791 puis par un vote de la Convention nationale le 24 juillet 1793, quelques mois avant l'exécution d'Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.
Dans le droit au XIXème siècle, le statut accorde à la femme un être relatif, n’existant que comme une figure secondaire définie par rapport à l’homme, seul véritable sujet de droit. Ainsi, le devoir conjugal autorise le mari à user de violences, dans les limites tracées par la nature, par les mœurs et par les lois. Par ailleurs, afin de s’assurer que la reproduction sera « bonne », l’infidélité féminine est fortement pénalisée. Le code pénal instaure le principe d’une morale sexuée : l’épouse adultère encourt une peine de trois mois à deux ans de réclusion, quand le mari ne risque qu’une amende.
De plus, en 1816, le divorce est à nouveau interdit jusqu’en 1884. Dans la foulée, en 1893, les femmes séparées de leur conjoint récupèrent leur pleine capacité civile et 80% des séparations de corps, permet la prononciation du divorce.
L’évolution vers le droit à l’entente est lente, marquée seulement par la loi de 1904 qui permet d’épouser le ou la compagnon(ne) adultérin(e) et celle de 1908 qui, après trois ans de séparation de corps permet la prononciation du divorce.

       Les deux principales organisations d'orientation réformiste qui mènent la lutte pour le droit de vote des femmes sont l'Union française pour le suffrage des femmes (U.F.S.F.), créée à Paris en 1909 et la Ligue française pour le droit des femmes, dirigée par Maria Vérone. Ces deux grandes fédérations féministes, composées pour l'essentiel de femmes issues de la bourgeoisie parisienne, cherchent à étendre le réseau de leurs soutiens au sein des organisations politiques masculines mais surtout en province où leur implantation est moins importante.

Le droit de vote:
      La révolution française pose le principe de l'égalité de tous, toutefois il n'est pas appliqué : les femmes n'ont pas accès au droit de vote. La Révolution a donc permis la mise en question de l'égalité entre hommes et femmes, sans aller pour autant au bout de sa démarche. Contrairement à l'Ancien Régime, elle reconnaît à la femme la personnalité civile.
A la fin du 19è siècle, aucune femme du monde occidental n'a encore obtenu les libertés civiles. Partout, le droit de vote lui est refusé. Les premières revendications, en France, naissent pendant la Révolution de 1848, avec la mise en place du suffrage universel réservé aux hommes. L'accession des femmes au droit de vote, tout au long du 19ème siècle, est repoussée, sous les motifs les plus contradictoires. L'éventualité de la participation des femmes à la vie publique, est écartée catégoriquement sous la pression des conservateurs, misogynes et hostiles. Les républicains redoutent, de leur côté, que les femmes, sous l'influence de l'église, par leurs voix, grossissent les rangs conservateurs, et fassent ainsi chanceler la République.
 En février 1914, une proposition de loi sur le vote des femmes était déposée à la Chambre des députés. Ce fut l'occasion d'une active campagne suffragiste, relayée par plusieurs organes de presse dont Le Journal. Si les manifestations publiques ne rassemblèrent que quelques milliers de personnes, un référendum organisé par ce quotidien du 26 avril au 3 mai 1914 sous le nom de " vote blanc "  en parallèle aux élections législatives fut un succès, puisqu'il recueillit 500 000 voix favorables au suffrage des femmes. L'élan suffragiste fut brisé par le déclenchement de la guerre à l'été 1914. Une proposition de loi en faveur du droit de vote des femmes, à l'initiative des députés, au lendemain de la guerre est malheureusement rejetée par le sénat, dominé par les conservateurs.
Ce n’est que le 21 avril 1944, que les femmes auront le droit de vote.
           
Le Code civil, tout au long du 19è siècle, a confiné la femme dans un statut de mineure à vie. Jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale, certaines mesures perdureront, ainsi dans la plupart des pays européens, la femme devra demander l'autorisation à son mari pour exercer une profession (jusqu'en 1965, précisément dans le cas de la France). Il existe de ce fait, de nombreuses obligations de l'épouse, découlant de l'application du Code civil : notamment, elle ne peut sans cette autorisation se présenter à un examen, s'inscrire dans une université, ouvrir un compte en banque, faire établir un passeport, passer un permis de conduire, se faire soigner dans un établissement.
La femme est épouse et mère. Elle est entièrement définie au 19è siècle, par son rôle familial. La femme est le pivot du fondement de l'ordre social. Afin que la femme reste soumise à son mari, le législateur est particulièrement vigilant et veille sur ce sujet. La femme ne peut se soustraire à ses devoirs conjugaux, car le viol entre mari et femme n'étant pas reconnue. Le législateur réprime sévèrement l'infidélité de la femme, car elle est susceptible de porter atteinte à l'ordre public, par l'introduction d'un étranger dans la famille, en modifiant les partages successoraux. Par contre la condamnation de l'homme adultère intervient seulement lorsque ce dernier entretient sa maîtresse au domicile conjugal, c'est à dire pratiquement dans les cas de bigamie.
L'occasion donnée aux femmes de sortir de ce carcan familial est la première guerre mondiale, provisoirement. Un grand nombre d'entre elles, séparées de leur mari, doivent, pour gérer l'exploitation ou l'entreprise familiale, se débrouiller seules.
Au XXème siècle, le travail des femmes est encore perçu comme un travail d'appoint. Ce n'est pas un droit, tout au plus une concession.
Les périodes de crise économique sont celles où l'offensive contre le travail féminin est la plus forte, notamment envers les femmes mariées et les mères de famille.
Des exemples en témoignent en 1919, les travailleuses, appelées à faire fonctionner le pays pendant la guerre, sont renvoyées dans leurs foyers avec la consigne de repeupler la France.
Le monopole masculin de la politique est partiellement ébranlé après la guerre de 1914-1918 : la vie publique devient plus perméable aux femmes, comme en témoignent la nomination de conseillères municipales (à voix consultative), la reconnaissance de l'expertise d'associations féminines en matière de politique sanitaire et sociale ou bien encore l'intégration de trois femmes sous-secrétaires d'État dans le gouvernement du Front populaire. Inscrit dans une démocratisation de la mode, l'acquis le plus manifeste et le plus général semble être la conquête d'une liberté d'allure et de mouvement, apprise dans la solitude et l'exercice des responsabilités. Mais les comportements d'indépendance de certaines femmes, qui s'appuient sur l'expérience de guerre ou jouent de la modernité des Années folles, ne peuvent s'inscrire dans une dynamique d'ensemble, étouffés par les manifestations politiques et culturelles du traumatisme subi par la société française. Rappelons que le poids du deuil et des anciens combattants, ou bien encore la force d'une pensée sociale et politique sur la nécessaire différence des sexes. Donc à cet égard, les mutations majeures seront plus tardives ...

Femmes réclament le droit de vote.



Nous pouvons donc conclure que l’ère de la première guerre mondiale n’aura que très peu transformé les droits politiques de la femme. Les transformations majeures ne s’effectueront que bien plus tard.

Deuxième partie: Le travail

Durant la Première Guerre mondiale, la contribution des femmes à l’effort de guerre a revêtu de multiples formes :
-     Le courage des femmes d’agriculteurs qui ont dû assurer à partir de l’été 1914 les durs travaux des champs alors que la France était majoritairement rurale et agricole.
-     Le dévouement des infirmières qui ont soigné et qui se sont occupées des soldats blessés dans les hôpitaux de guerre et les maisons de convalescence.
-     La compassion des « marraines de guerre » qui écrivaient et envoyaient des colis, des lettres aux soldats du front et qui rendaient visite aux nombreux blessés.
-     Le courage aussi des femmes des villes qui ont dû combler le manque de main d’œuvre dans différents secteurs d’activités, distribuant le courrier, conduisant les tramways, travaillant plus de 10 heures par jour dans les usines d’armement.


A)    Le travail des femmes dans l’agriculture

L’appel aux Françaises de Viviani :

Le 7 août 1914, le Président du conseil René Viviani, fait appelle aux femmes pour qu’elles achèvent la moisson puis qu’elles entreprennent les travaux de l’automne. Se sont surtout les paysannes qui sont concernées par cet appel, car il pense alors que la guerre sera courte et que le besoin urgent se trouve dans les campagnes désertés par les hommes partis au front.
Voici son discours :
               
«  Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés. Il n’y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! A l’action ! A l’œuvre ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde. »

Le travail repose sur les 3,2 millions d’agricultrices, ouvrières agricoles ou encore femmes d’exploitants. Elles ont accompli l’essentiel du travail dans un grand élan patriotique et avec un sens nouveaux de la solidarité. Elles deviennent maréchal-ferrant, garde champêtre, boulangère. Toutes les villageoises travaillent pour le salut de la France. Du fait de la guerre, 850 000 femmes d’exploitant dont un tiers de celles déclarés au recensement de 1911, se trouve à la tête de l’exploitation. Les 300 000 femmes d’ouvriers agricoles ont à leur charge une famille. Elles ont de lourdes responsabilités aux quelles elles étaient peu préparées ; comme : décider des productions ; diriger la main d’œuvre ; vendre.



Femmes travaillant dans les champs.







B)        Le travail des femmes dans l’industrie

Pour faire admettre les femmes dans l’industrie de guerre il a fallu vaincre la méfiance des industriels, multiplier les circulaires, ouvrir des bureaux d’embauche et faire de nombreuses affiches. Au début 1918, les femmes forment un quart de la main-d’œuvre dans l’industrie de guerre soit 430 000 « munitionnettes » venues de tous les horizons : couturières, ménagères, artistes au chômage, jeunes filles sans travail sont attirées par les hauts salaires sans aucun lien avec les capacités de chacune. Les ouvrières donnent très vite satisfaction, d’après le maréchal Joffre « Si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre. » Les industriels doivent alors moderniser leurs outillages et réorganiser le travail pour l’adapter à cette nouvelle main d’œuvre. Des appareils de levage et de manutention, des machines automatiques apparaissent dans tous les secteurs : machines à décharner dans les mégisseries, encolleuse dans l’industrie cotonnière etc. Les industriels affectent les ouvrières à des tâches délimitées et organisent la production en série. On découvre les «  qualités féminines » : aptitude aux travaux monotones, patience et habileté par exemple. Les femmes sont minimes dans la fonderie ou l’aéronautique cependant elles sont très nombreuses dans la fabrication des obus (on les appelle les obusettes), cartouches, grenades et fusées employées comme manœuvres aux travaux mécanique en série et à la fabrication des pièces fines ou à la vérification.
           


·         Le travail des femmes dans les usines d'armement.

En 1914, la plupart des hommes ayant la capacité de travailler dans les usines avaient été mobilisés pour partir au front. Plus le temps passait plus les espoirs d'une guerre courte s'envolait, on s'engageait donc dans une guerre longue et totale exigeant, dans les usines, une mobilisation d'économie et d'ouvriers qualifiés mais principalement d'une main d'œuvre féminine. Un certain nombre de femmes travaillaient déjà avant la guerre, mais elles étaient le plus souvent réparties dans des tâches considérées comme secondaires.
Ce qui était nouveau et marqua les esprits fut leur embauche dans des usines d'armement. Ce qui leur donna pour surnom les « munitionnettes ». Cette mobilisation féminine, notamment dans les usines de guerre à suscité de nombreuses réactions où dominent la peur de la « masculinisation » des femmes.
           
            La pénibilité du travail dans les usines d'armement :

La journaliste Marcelle Capy, féministe et libertaire, travaille quelques semaines incognito dans une usine de guerre. Son témoignage paraît dans La voix des femmes entre Novembre 1917 et Janvier 1918 :

« L'ouvrière, toujours debout, saisit l'obus, le porte sur l'appareil dont elle soulève la partie supérieure. L'engin en place, elle abaisse cette partie, vérifie les dimensions (c'est le but de l'opération), relève la cloche, prend l'obus et le dépose à gauche.
Chaque obus pèse sept kilos. En temps de production normale, 2 500 obus passent en 11 heures entre ses mains. Comme elle doit soulever deux fois chaque engin, elle soupèse en un jour 35 000 kilogrammes.
Au bout de trois quarts d'heures je suis avouée vaincue.
J'ai vu ma compagne toute frêle, toute jeune, toute gentillet dans son grand tablier noir, poursuivre sa besogne. Elle est à la cloche depuis un an. 900 000 obus sont passés entre ses doigts. Elle a donc soulevé un fardeau de 7 millions de kilos.
Arrivée fraîche et forte à l'usine, elle a perdu ses belles couleurs et n'est plus qu'une mince fillette épuisée.
Je la regarde avec stupeur et ces mots résonnent dans ma tête : 35 000 kilos. »
                                                                             


Les « munitionnettes » au travail.





C)     Le travail des femmes dans le transport

Au début de la guerre le Syndicat des transports parisien s’est opposé à l’embauche d’un personnel féminin, mais les Parisiens en ont vite assez d’attendre des heures une hypothétique voiture ou d’aller à pied ; habitués aux moteurs, ils n’aiment guère non plus pédaler dans les rues ou appeler un cocher qui ressort son fiacre avec bonheur. Même si au début les syndicats s’y sont opposés, les femmes ont obtenu du préfet de la Seine en août 1914 l’autorisation d’être employées comme receveuses sur voitures. Les compagnies de transport demandent et obtiennent en 1915 celle  de les utiliser comme wattwomen (conductrice d’un véhicule électrique), à l’image de la province, mais à condition de reprendre leurs employés mobilisés à la fin des hostilités.
Dans les tramways parisiens, il y a en 1915, 2 670 femmes au côté de 8 000 hommes et elles étaient 5 800 en 1917. Celles-ci sont vêtues d’un costume sombre et d’un calot, la sacoche en bandoulière, la planche à ticket d’une main, l’extrémité de l’index de l’autre main gantée de caoutchouc pour détacher aisément les papiers multicolores, les receveuses circulent entre la foule pour percevoir le prix des trajets, sautent en marche à chaque changement de direction pour manier rapidement la lourde barre de fer qui fait basculer l’aiguille, et manœuvrent la perche en fin de course.
           Les conductrices, qui ont un travail moins fatiguant suscitent plus de méfiance et des commentaires acerbes au moindre incident. Pourtant malgré une formation qui dure seulement au plus 8 jours, elles font preuve d’une maîtrise et d’un sang-froid inattendus. Le 3 septembre 1917, le directeur de la compagnie des omnibus confie à un journaliste sa satisfaction : « Malgré leurs connaissances, on pouvait redouter que l’insuffisance de leurs moyens physiques, la faiblesse certaine de leurs nerfs ne vinssent en des conjonctures soudaines et critiques leur enlever tout ou partie de leur libre-arbitre. Il n’en a rien été. Nos conductrices sont sûres d’elles-mêmes, calmes en présence de l’obstacle inattendu, promptes et précises en leurs décisions. Le pourcentage des accidents n’a pas augmenté depuis que nous les employons. »
        Le métro n’emploi pas de conductrices, à cause des complications du système de signalisation et des petites tâches de réparation. Mais 2 000 femmes environ y travaillent et un millier au Nord-Sud. Elles vendent et poinçonnent les billets, nettoient les voitures ou bien encore sont surveillantes de contrôle dans les stations ou gardes de voiture : le plus pénible et alors de lutter avec les clients qui veulent monter en surcharge. On les estime moins productrices et perçoivent donc par jours 1 Franc de moins que les hommes. Tandis qu’au tramway, les femmes perçoivent le même salaire que les hommes, mais les journées de repos ne leur sont pas payées, bien que tout le monde répète que les travailleuses ne doivent pas négliger le foyer les enfants.
Durant les quatre années de guerre, les femmes vont assurer la quasi-totalité des tâches réservées jusque là aux hommes. On trouve ainsi des factrices, des chauffeuses de locomotives, des allumeuses de réverbères, des conductrices de tramways. Il y en a même qui deviennent mécaniciennes de locomotives.
Les transports ont connu la croissance la plus forte de cette main d'œuvre avec un passage de 18 000 en 1914 à 117 000 employées en 1918.
        

Conductrice de tramway à Toulouse en 1914-1918.
 D) Les infirmières : les « anges blanc »




Membre de communautés religieuses ou infirmières de l’assistance publique, elles accompagnent l’action des médecins qui opèrent sur le champ de bataille tout en consolant les blessés. La figure de l’infirmière est typiquement féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes.
La plupart des infirmières travaillaient dans un hôpital mais le transport été périlleux, souvent trop long et surtout il pouvait se révélé dangereux, c’est pourquoi elles devaient se trouver le plus près possible du front. Elles se retrouvaient alors dans des tentes à une distance minime du front malgré le danger que cela représentait. Bien qu’elles fassent preuve d’un courage exceptionnel, ces femmes étaient généralement volontaires et ne recevaient aucun salaire.
Les conditions d’hygiène n’étaient évidemment pas propices à la guérison. De plus les outils de travail étaient sommaires et les médicaments le plus souvent déficients, étaient remplacés par des produits plus accessibles mais moins efficaces voir inappropriés.
En 1916 toutes les ambulances étaient conduites par des femmes. De plus, elles devaient pouvoir intervenir en toutes situations, des blessés du front aux soldats gazés. Pour ces derniers elles devaient pratiquer la respiration artificielle.
Les femmes n’ont donc pas hésité à s’engager pour tenter de sauver les soldats et apporter elles aussi leur soutien à la nation. Elles ont fait preuve d’un grand courage et ont prouvé qu’elles pouvaient affronter la peur, le front et les hommes. Elles furent nombreuses à donner leur vie pour sauver celle des combattants. On comptait 100000 femmes soignantes, dont des dizaines de milliers de bénévoles de la Croix-Rouge et d’autres associations, et encore 10000 sœurs congréganistes.



Photographie prise pendant la première guerre mondiale dans un hôpital militaire. Nous pouvons voir une infirmière debout au centre.



Sœur Gabrielle :
12 novembre 1914
Récit fait à un journaliste par la Sœur Gabrielle (Mlle Marie Rosnet), supérieure de l'hôpital de Clermont-en-Argonnes:

Depuis le premier jour des hostilités — me dit-elle en retraçant les douloureux épisodes de son intervention, — j'avais en traitement une centaine de blessés et de contagieux. Le 3 septembre, dans la nuit, les Allemands étant signalés, nos blessés furent embarqués dans des trains sanitaires. Les grands blessés furent enlevés le lendemain par des voitures d'ambulance. Je reçus alors l'ordre de partir pour Bar-le- Duc. Je répondis: « J'ai quarante vieillards et des infirmes dont j'ai la responsabilité. Les emmenons-nous? —Non. — Dans ces conditions, mon devoir est tout tracé: je ne les abandonnerai pas. » Et je restai là.
A midi, la bataille commença autour de Clermont. On se battit avec acharnement à Auzéville, à Aubreville, à Brabant et dans les environs. Quelques obus tombèrent sur Clermont. Un projectile creva les conduites d'eau de l'hôpital. Je fis descendre tout mon monde dans les caves et l'on attendit la fin de la bataille.
Vers 7 heures, le feu cessa de part et d'autre; néanmoins, nous restâmes où nous étions, sans lumière, et nous y passâmes la nuit. Vers 2 heures du matin, on entendit arriver l'infanterie allemande. Les bottes martelaient le sol; on ne pouvait se méprendre. Bientôt, au clair de la lune, je vis par un soupirail des casques à pointe.
A 4 heures du matin, l'artillerie et la cavalerie arrivèrent à leur tour. Enfin, à 5 heures, un formidable coup de crosse de fusil ébranla la porte extérieure de l'hôtel. Il fut suivi d'un deuxième qui défonça Ies vantaux. Trois officiers entrèrent, revolver au poing. Les pannes hospitalisés croyaient leur dernière heure venue. Je les exhortai au calme et je montai à la rencontre des Allemands. Je me trouvai en face d'eux dans le vestibule. Je leur dis simplement: « Vous êtes ici dans une maison consacrée à la souffrance. Vous n'entrerez pas plus avant. » Et je me plaçai en travers du passage.
Les officiers se concertèrent rapidement, et l'un d'eux, qui parlait, fort bien le français, me répondit:
— Nous ne ferons de mal à personne. Laissez-nous visiter la maison.
J'y consentis, à la condition formelle que l'engagement serait tenu.
— Où est le maire? demandèrent-ils.
— Il n'est plus ici, répondis-je, mais je le remplacerai.
Ils proférèrent des injures à l'égard du maire et déclarèrent que son absence lui coûterait cher.
Le lendemain, à 9 heures du matin, les Allemands mirent le feu à la maison de M. Nicolas, horloger. L'incendie se propagea rapidement et ne tarda pas à menacer l'hôpital.
Je me rendis en hâte à l'état-major et dis au général:
— Vos officiers m'avaient donné leur parole que l'hôpital serait épargné; ils l'ont reniée. Jamais un officier français n'agirait de la sorte.
II eut un mouvement de colère tel que je pensai payer de ma vie ce que je venais de dire. Pourtant il se radoucit quand je lui exposai que la situation de l'hôpital obstruerait la rue latérale et barrerait ainsi la route de Bar-le-Duc, dont elle est le prolongement. Il donna immédiatement des ordres. Un quart d'heure après, une auto du génie amenait un détachement de sapeurs avec une pompe. L'hôpital seul fut préservé. Toute la ville fut réduite en cendres.
Le lendemain, nouvelle alarme. Un coup de feu avait été tiré la nuit dans la montagne contre une sentinelle, qui avait eu un doigt écorché. Le général vint me trouver et m'annonça que toute la population allait être fusillée, vieillards, femmes et enfants. Je lui représentai la cruauté de ses intentions et lui dis:
— Si vous estimez qu'il faut une vie humaine pour compenser la blessure de votre soldat, prenez la mienne, mais ne massacrez pas une foule d'innocents.
Que se passa-t-il dans sa conscience? Je l'ignore. Toujours est-il qu’après m'avoir laissée dans l'attente du peloton d'exécution pendant vingt-quatre heures, il renonça à ses projets. Rien entendu, je n’avais pas dit un mot de tout cela à mes hospitalisés, dont les angoisses étaient déjà assez pénibles.
Deux jours après, nous étions délivrés des Allemands, qui couraient à la bataille de la Marne, mais il ne restait de Clermont que ce que vous pouvez voir.
[Petit Parisien.]

Petite histoire illustrée de la revue 'le Bon Point'



Conclusion :
La première guerre mondiale a entraîné une rupture importante dans l’ordre familial et social avec l’ouverture de nouvelles professions aux femmes. Certaines historiennes ont ainsi considéré cette période comme propice à l’émancipation des femmes car les relations entre les genres ont été profondément modifiées, malgré le statut quo étatique du mouvement antérieur c’était « l’ère du possible ». Cependant le 11 novembre 1918, les femmes sont obligées de redonner leurs places aux hommes. Les veuves, qui sont environ 700 000 prennent le rôle de l’homme dans leur famille, tandis que les autres sont revenues aux valeurs traditionnelles et ont repris le travail féminin car l’après guerre remet chaque sexe à sa place.

Troisième partie: La vie quotidienne


       Avec cette guerre, le quotidien des femmes a été très vite chamboulé. Leurs conditions de vie sont dures en temps de guerre et leurs rôles dans la société évoluent avec le poids des circonstances et la mobilisation de toutes les énergies nationales dans l'effort de guerre.
       Tout d'abord avec les pénuries alimentaires, car en temps de guerre les productions alimentaires se font rares. Les champs produisent beaucoup moins car se sont habituellement les hommes qui s'en occupent, bien qu'assez efficaces les femmes restent moins performantes dans ce domaine, il leur manque aussi des animaux de traits et des engrais qui leur faciliteraient la tâche. De plus, il faut parfois faire la queue durant de longs moments devant les magasins d'alimentation avant d’obtenir de la nourriture.
      Le manque de nourriture n’est pas la seule difficulté à laquelle doivent faire face les femmes, il est aussi difficile de se ravitailler en combustible de chauffage. L’essentiel des biens de la nation est d’abord donné à l’effort de guerre et aux poilus. Ce manque évident de confort renforce la difficulté des travaux des femmes car leurs corps sont affaiblis par les privations. Or, certains travaux des champs et ceux à l’usine comme le rôle des « munitionnettes » sont extrêmement physique et éprouvants pour les corps féminins. Il arrive souvent qu'elles tombent malades après des efforts intenses de longue durée.
      La vie des femmes est aussi difficile en l’absence des hommes partis au front qui sont avant d'être soldats ; des maris, des fils, des frères. Elles vivent dans l'attente de nouvelles du front grâce aux lettres que les soldats leurs envoient le plus souvent possible et l'angoisse permanente de perdre un être cher à tout moment du jour et de la nuit. Elles sont victimes de véritable souffrance morales.
      On décompte près de 630 000 veuves après le premier conflit mondial. Ce sont de nombreuses vies qui sont brisées à la suite de cette terrible période de l'histoire. Beaucoup de femmes resteront seules avec leurs enfants et devront se reconstruire moralement, tout en assurant la subsistance pour tout le foyer. Il ne faut pas non plus négliger le sort très difficile des femmes vivant dans les départements occupés par l’ennemi. On est sans nouvelle des familles et des maris pendant toute la guerre et on doit subir une occupation très dure de la part des Allemands.
       Les femmes, malgré ces conditions de vies déplorables, ont toujours assurées leur rôle traditionnel ainsi que le rôle qu'on leur à attribué durant la Première Guerre mondiale. Cette guerre correspond à une forte poussée du travail féminin. Elle sont forcées à faire un travail qu'elles ne connaissent pas, à apprendre des gestes inconnus jusqu'alors et se comporter en « homme modèle » . Cela va changer leurs habitudes : elles s’habillent comme des hommes, font des gestes d’hommes, travaillent comme des hommes.
       Les femmes s’impliquent aussi plus directement dans un certain nombre d’emplois. La figure de l’infirmière est beaucoup plus féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes. Elle accompagne l’action des médecins tout en consolant les blessés. Les marraines de guerre ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles ou qui se trouvent dans les zones occupées par les Allemands.
        Enfin, elles ont aussi été employés dans les services publics. Dans tous les cas, l’intervention des femmes se fait au nom du service de la patrie. C’est bien toute la nation qui est mobilisée pour faire triompher l’indépendance nationale. La guerre totale a donc complètement modifié et transformé le rôle et la place des femmes dans le monde du travail et dans la société. Elle a gagné une place plus importante dans la société, elles ont gagné le début d’une émancipation face à leur mari car elles ont montré qu’elles pouvaient assurer de nombreux rôles qui étaient précédemment réservés aux hommes.
       Cette émancipation reste toutefois limitée comme le montre l’échec de l’obtention du droit de vote. Celui-ci avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922.


Femmes s'occupant de leurs enfants.

Conclusion

    Ainsi, la grande guerre a entraîné une rupture importante dans l'ordre familial et social des femmes. Elles ont pris le rôle de chef de famille et ont prouvé aux hommes qu'elles pouvaient les remplacer. Elles n'accepteront plus d'être soumise à leur volonté. Les emplois féminins se sont très largement développés, les capacités des françaises et leur sérieux ne sont plus à prouver mais à exploiter. L'intégration des femmes aux professions supérieurs est bien réelle. Les jeunes filles peuvent entrer dans la plupart des écoles d'ingénieurs et de commerce et aussi s'inscrire à l'université de médecine ou de droit. Certaines historiennes ont considéré cette période comme propice à l'émancipation de la femme car les relations entre les genres ont été profondément modifié. Pour la plupart des femmes, le fait de vivre seule, sortir seule et assumer seule les responsabilités familiales a crée un grand bouleversement. Mais, il est vrai que cette période n'a été qu'une parenthèse avant le retour à la « normalité ».